Mesparrow – interview

Mesparrow, c’est qui, c’est quoi ?

Mesparrow est mon nom d’artiste, j’ai débuté vers 2010, ma création est essentiellement basée sur des voix, des boucles de voix, je travaille plutôt en solo, (même s’il m’est arrivé de jouer en trio ou avec des choeurs lyriques par exemples, sur des projets plus spécifiques) avec des machines et m’accompagne aussi d’un piano sur certains morceaux. Je chante en français, je compose et j’écris mes textes.

Issue des beaux-arts, je me considère plutôt comme une artiste qu’une musicienne à proprement parler, bien que ce soit devenu mon métier. J’aime envisager la création comme un champ libre, une friche à explorer. C’est ce qui me mène depuis toujours. 

Tu es à l'origine du projet "La Voix du sensible". Peux-tu nous en dire plus, nous expliquer ce que cela implique pour "Musiciennes" ?

Je débute une nouvelle activité d’accompagnement d’artistes, pour soutenir, accompagner la créativité, l’expression de soi, en revenant à la confiance en soi en sa singularité, dans une approche intuitive. 

Je suis passionnée par la créativité depuis toujours, ainsi que cette notion « l’importance d’être au plus près de notre essence », ce qui n’est pas si évident, en particulier lorsque l’on doit répondre à certaines attentes extérieures, et dans un monde qui ne favorise pas la confiance en notre singularité.

La question de la présence « en soi, dans son corps et à l’instant présent » est cruciale aussi. Ce sont tous ces outils de connexion à soi, de connaissances de soi, associés à ma démarche intuitive et mon expérience d’artiste de plus de 10 ans qui se rassemblent dans cette proposition d’accompagnement global des artistes que je vais proposer aux musiciennes. 

Que signifie pour toi "être marraine" d'un projet comme "Musiciennes" ?

C’est un honneur, sincèrement, je le prends comme un cadeau. Pour plusieurs raisons, d’une part la confiance qui m’est accordée pour représenter ce projet en tant qu’artiste, puis pour accompagner des musiciennes.

Il se trouve que cette proposition arrive à un moment de ma vie où j’ai l’envie d’accompagner, transmettre à partir de mon expérience aussi. Étant moi-même passée par des tremplins et accompagnements, coachings, tournées, échanges avec l’entourage professionnel etc… Et ayant aujourd’hui le recul de mon expérience personnelle, j’espère pouvoir apporter un soutien à ces musiciennes.

La particularité de ce projet est qu’il est axé précisément sur « les femmes », et selon mon expérience c’est une très bonne initiative que de donner des clés, préparer et accompagner les femmes-musiciennes qui avancent dans cet univers où nous sommes peu représentées, et où il est nécessaire et à la fois délicat de s’affirmer, en tant qu’artiste-femme et ce pour de diverses raisons que l’on pourra évoquer lors de nos temps d’échange…

J’ai hâte ! 

Selon toi, pourquoi sommes-nous encore loin de l'égalité F/H dans les musiques actuelles ?

Je n’ai pas de réponse unique à cette question, il me semble que différents facteurs peuvent en être la source… un monde dans lequel les filles, devenues femmes grandissent et évoluent à travers des images d’un archétype féminin qui reste hélas très loin de la femme « créative, libre, intellectuelle, entrepreneure »…par exemple.

Ne serait-ce qu’à travers l’histoire, dans les livres, ce n’est qu’aujourd’hui que sortent des livres qui mentionnent « les oubliées de l’histoire ». Les femmes grandissent donc sans exemples de femmes artistes. C’est d’ailleurs le manque d’exemple dans mon propre parcours qui m’a poussée à me questionner d’avantage et écrire sur la question de la création chez les femmes.

Cela demande peut-être deux fois plus de courage pour une femme de se lancer, je ne sais pas, je me questionne. 

Les femmes sont pétries de peurs, de manque de confiance, des générations et générations de soumissions ne s’effacent pas en un jour. Il y a tout un travail de changement de regard sur soi, sur la vie, à mener. 

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est vraiment d’apporter des solutions. En osant être un exemple pour d’autres, une manière de tendre la main et de dire, « aies confiance, c’est possible ! » et j’ai la conviction qu’on y parvient en incarnant nos idées. (C’est pourquoi je partage beaucoup de mes réflexions sur les réseaux…n’en déplaises à certains…), c’est le jeu.

Et comme mon médium est la voix, les mots, je l’ouvre (haha) !
Alors oui, il y a la peur du jugement et le jugement à traverser, « t’es artiste, t’es pas psy », « t’es artiste, t’es pas intello », « tu parles trop de certains sujets à mon goût » blah, blah, blah…
Ce qui me semble urgent et important, c’est d’être totalement soi dans sa multiplicité, c’est à partir de cet endroit que l’on est femme. Parce que l’on est tout simplement « tout ça », il n’est plus question de case, ou de réduction. 

Quels conseils pourrais-tu donner à des artistes, musiciennes qui se lancent ?

Préserver leur trésor, c’est à dire leur singularité (l’endroit où elles vibrent lorsqu’elles s’expriment ou créent), écouter leur corps qui est le meilleur des messagers. 

Lorsque tout est joyeux et fluide c’est bon, lorsqu’il se serre, se contracte, qu’une boule dans la gorge monte, que les épaules s’affaissent, à priori, quelque chose que l’on vous demande, ou que vous faite, n’est pas confortable, donc pas bon pour vous.  

Tout passe par l’écoute de soi, ce qui ne veut pas dire faire zéro compromis, mais simplement trouver la zone d’équilibre entre les besoins ou attentes extérieurs et qui l’on est et ce que l’on veut exprimer.

Veiller à préserver cela.

Oser dire.